Roc&Tapas
Escalade et Voyages
Massif du Dédégol
Sur la route, il faut être attentif pour entrevoir les parois du Dédégol ; un bref instant elles se dressent, au Sud entre Aksu et Kalahisar, puis notre parcours s'enfonce dans une vallée étroite de pinèdes abruptes consciencieusement entretenues. À Eldere, le dernier village, la piste entame ses lacets pour nous poser, bientôt, sur un vaste plateau, veillé par les grandes murailles. Elles sont belles ; elles dessinent de longs piliers entre lesquels brillent des miroirs de dalles. Nous repérons vite les quelques itinéraires déjà parcourus et nous savourons l'immense terrain de jeu qui s'offre à nous si le rocher veut bien être de la partie… Et il le sera, de la plus belles des manières, au delà de nos espérances.
Alors pendant une dizaines de jours, en découvreurs passionnés nous allons dessiner nos chemins sur les parois ; ils seront liés au soleil, à la pluie et aux vents et croiseront ceux de là haut, bergers, chasseurs ou bucherons.
Ce soir, deux jeunes tournent en mobylette sur le plateau. L'un tient le guidon, l'autre le fusil. Aux phares, ils chassent le lapin.
Nous avons trouvé un abris au bord de la piste ; pas de mur, mais un toit, une table, deux bancs et une fontaine… Notre camp de base ; de là nous allons scruter les mouvements du ciel , attendre les premières chaleurs du matin ou devancer le lever du soleil en prévision d'une longue journée. En apprivoisant les parois du Dédégol, nous allons peu à peu oser grimper là où seules auparavant nos jumelles avaient trouvé la voie. De ces errances aventureuses nous garderons longtemps le souvenir des sculptures de la pierre, de ces océans de dalles… de ces surprises qui mènent à la cime. Chaque longueur réserve sa part de plaisir et nous rivalisons de mauvaise foi concernant le respect du tour de rôle pour passer en tête.
Puis, rassasiés, nous avons quitté le grand plateau, la belle muraille pour les villages d'en bas, la route vers l'Est, l'Aladaglar pour retrouver Recep et Zeynep dans leur ilot de quiétude, les cafés, le thé, les interminables parties de tavla… et ces moments de rencontres sans quoi le voyage n'existerait pas… Nous ne ferions que nous déplacer.
Voyage réalisé avec Arnaud Guillaume et Rémi Laborde en octobre 2015